Un dernier geste
« Qu'est-ce qu'une vie ? C'est si fragile quand on y réfléchit. On naît, on meurt, ce sont les deux seules certitudes que nous avons. Mais quand elle s'est retirée, que reste-t-il ? Le néant. » Ainsi s’entrechoquent les pensées de Loïc.
La vie sans Matteo n'est plus rien. Le vide. Plus jamais, les rires de son fils ne résonneront dans la maison. Plus jamais, ils ne joueront ensemble. Plus jamais, il ne l'entendra l'appeler "Papa". Les rêves bâtis pour son p'tit bonhomme se sont effondrés. A cause de "lui", cet homme qu'il tient en joue, ce Lény qui a tué son enfant, la chair de sa chair, le soleil de ses jours, le ciel bleu de ses nuages.
— Donne-moi une seule bonne raison de n’ pas tirer ! beugle le père endeuillé.
D'une voix éteinte, mort de trouille, le quidam articule péniblement « J'ai un fils. »
A ces mots, la main de Loïc retombe, paralysée. Il ne peut pas tirer sur cet homme, même si celui-ci l'a privé de son fils. Il ne peut pas déposséder cet enfant inconnu de son géniteur, même si ce dernier l'a lui-même dépouillé de sa progéniture.
— Dégage ! Dégage avant que j’ change d'avis !
Prenant les jambes à son cou, Lény décampe aussitôt.
« Mon Matteo… » gémit le père éploré. Les yeux embrouillés de larmes, il monte son bras à hauteur de sa tempe et, dans un dernier geste, appuie sur la détente. Un bruit assourdissant retentit, la balle gicle. Loïc s'écroule, dans un ultime soupir. Il va retrouver son fils.
©Jocelyne B.
Tous droits réservés
20 août 2013
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 3 autres membres