Un monstre bien réel
Au sortir de mon enfance, les monstres, ça n'existe que dans les contes et légendes. J'en ai souvent peur mais si je réfléchis cinq minutes, ils ne peuvent pas me faire de mal ; ils ne sont pas réels.
Pourtant, j'en ai rencontré un, un vrai, en chair et en os. Je l'ai rencontré dans un lieu où, normalement, j'aurais dû être à l'abri, un lieu où jusqu'alors, je me sentais en sécurité.
Ce monstre, je le connais depuis que je suis née. Mes frères, mes sœurs et moi partageons son quotidien. Dans la journée, il se comporte normalement. Personne ne peut se douter de ce qu'il me fait subir le soir, quand vient la nuit. Personne n'imagine qu'il abuse de moi. Pour eux, c'est... inimaginable ! Ils ne savent rien, rien de rien, parce que je me tais, parce qu'il a su m'inculquer la honte, le silence. N'importe comment, qui me croirait ?
Je fais bonne figure ; je souris, je ris, je vis ma vie mais au fond de moi, je vis un calvaire, je suis salie. Il m'a pris ce qu'aucun homme ne devrait prendre de force : mon innocence, ma virginité.
Je le déteste quand il se glisse dans ma chambre, que je dis NON et qu'il me touche quand même, qu'il fait toutes ces choses que l'on ne fait pas à une jeune fille à peine sortie de l'enfance.
Heureusement, il s'est marié. J'ai alors été délivrée de ce monstre. Mais il a détruit ma vie. Il me faudra du temps, beaucoup de temps, avant d'oser parler. Soulagement, ma famille m'a crue.
Aujourd'hui, il m'est devenu indifférent. J'ai extériorisé ma colère, ma haine envers lui. Pour moi, il n'existe plus.
Ce monstre, c'est mon frère aîné.
©Jocelyne B.
Tous droits réservés
14 octobre 2016
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